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LA RUÉE VERS L'OR DU CARIBOO - SOURCES PRIMAIRES


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Hathaway, S.G. Journal de 1862.

Manuscrit des Archives de Colombie-Britannique
Call. No. E B H28A
Auteur : Hathaway, S.G.
Titre : Journal de 1862 (Transcription)

Colombie-Britannique, le 20 juin 1862.
J'ai quitté San Francisco, le 3 juin, sur le vapeur Brother Jonathan en partance pour Victoria. En chemin, nous avons remonté le fleuve Columbia jusqu'à Portland en Orégon. Nous sommes restés là-bas du samedi midi jusqu'à lundi matin. Ensuite, nous avons repris la mer en direction de Victoria où nous sommes arrivés l'après-midi du mardi 10 juin, juste une semaine après notre départ. Nous avons planté notre tente à l'orée du bois, un demi-mille en dehors de la ville et nous nous sommes installés immédiatement. Nous nous sommes rendus compte qu'en raison de la neige couvrant encore les montagnes nous étions trop tôt. Nous avons donc décidé d'attendre un peu et de nous informer mieux sur la région avant de commencer. Le 17, moi-même et deux autres jeunes hommes, l'un originaire du Maine et l'autre du New Hampshire - avons conclu de tenter notre chance en tant que partenaires. Nous avons donc, ensemble, acheté une mule et un tas de provisions - qui devraient nous durer au moins six mois. Le 18, nous avons fait un autre pas en direction du Cariboo en prenant un vapeur en direction de New Westminster située sur le fleuve Fraser. Nous sommes arrivés dans la soirée et avons dû y faire escale jusqu'à ce matin, dans l'attente d'un autre bateau qui va nous emmener plus haut. Et nous voici, par une chaude journée ensoleillée, naviguant à contre-courant le long d'un fleuve tumultueux et bouillonnant se frayant un chemin à travers une chaîne accidentée de montagnes enneigées. Plusieurs de celles-ci ont des pentes escarpées de plusieurs milliers de pieds qu'aucun être vivant ne peut escalader. ... De nombreux Indiens vivent dans toute cette région et nous pouvons voir des camps disséminés par ci, par là. Nous les voyons ramer dans leurs fragiles canots. Ils sont paisibles et dépendent beaucoup du commerce avec les Blancs pour vivre.

Lundi 23 juin - Lac Little Lillooet -
Après avoir navigué en remontant le fleuve Fraser pendant environ 45 milles, nous avons tourné sur la rivière Harrison et au bout de 5 milles, nous sommes arrivés à l'endroit où il s'élargit en un lac magnifique de 6 à 8 milles de largeur et de 45 milles de long. Si vous pouviez le voir ! Des sommets enneigés et des falaises rocheuses s'élevant perpendiculairement au-dessus de l'eau, effaçant tout le paysage alentour sauf le ciel bleu au-dessus; des îles et des pointes s'avançant dans le lac et offrant une image d'une beauté sauvage que je n'ai jamais rencontrée ailleurs. Nous avons atteint, à la nuit vers 10 heures, l'extrémité supérieure où se trouve un village de baraquements appelé Port Douglas. Nous avons débarqué nos affaires sur la rive et avons tâtonné dans le noir pour trouver un endroit où camper, ce que nous avons fait sans beaucoup de mal. De Douglas, c'est un trajet de 29 milles sur terre jusqu'au prochain lac, où nous sommes à présent. Le matin après notre débarquement, nous avons chargé la mule et avons préparé nos propres paquets, portant chacun de 30 à 40 livres, et nous sommes partis. Il faisait très chaud et mon chargement était lourd. Mes bottes, aux talons en fer et aux semelles épaisses de presque un pouce, clouées avec de nombreux clous à tête ronde, écorchaient mes pauvres pieds. J'étais trop habillé et très vite je nageais de sueur. Nous avons titubé pendant quelque 4 milles et nous nous sommes arrêtés pour dîner et quelques heures de repos. Ensuite, nous nous y sommes remis et nous sommes arrêtés pour la nuit après avoir parcouru en tout 10 milles environ. La journée suivante, c'était mieux - nous avons fait 14 milles - bien que ce soit un jour pluvieux et que nous ayons mal partout - mes pieds étant le pire . Nous nous sommes arrêtés pour la nuit dans une baraque située sur le bord de la route. Nous avons payé chacun deux dollars pour notre souper et notre petit déjeuner. Ce matin, nous avons parcouru les 5 milles jusqu'au lac en moins de deux heures et c'est ici que nous devons attendre la plupart de la journée pour une occasion de traverser le lac jusqu'au prochain portage. C'est le nom qui est donné aux bandes de terre séparant les lacs en chaîne. Nous avons rencontré de nombreux hommes qui rentraient déjà. La plupart d'entre eux n'avaient pas été jusqu'au Cariboo mais assez loin pour se rendre compte qu'ils ne possédaient pas assez d'argent pour y survivre. La plupart de ceux qui y étaient allés expliquaient leur retour de la même façon - trop tôt dans la saison et pas assez d'argent pour pouvoir attendre que le sol soit dans un état propice à la prospection. Moi-même, je ne m'attends à rien et j'essaie d'y penser aussi peu que possible. Je me suis engagé et je dois voir ce qu'il en est même si cela me coûte mon dernier dollar et me laisse « complètement fauché » dans un pays étranger.

26 juin - Lac Anderson
Lundi soir, nous avons remonté le lac Lillooet sur un gros bateau difficilement manœuvrable. Entre-temps, nous avions envoyé la mule par une piste. Ce fut un court voyage - seulement 7 milles. Nous sommes arrivés et avons traversé, avant la nuit, le portage par terre - d'une distance de moins de 2 milles - jusqu'au lac Pemberton. Avons planté notre tente pour la nuit. Le matin suivant, nous nous sommes entassés à bord d'un petit bateau à vapeur branlant et sommes arrivés à la ville de Pemberton vers 2 heures. Nous avons dîné et nous avons commencé notre route sur le portage de 30 milles jusqu'au lac Anderson, où nous sommes arrivés tôt ce matin, jeudi. C'est là que nous passons quelques heures en attendant que le bateau soit chargé.

27 juin - Lac Seaton
Avons descendu jusqu'à Anderson - environ 16 milles - avons emballé nos affaires et avons traversé en nous dépêchant le portage étroit - moins de 2 milles - afin de pouvoir attraper le bateau du lac Seaton. En arrivant, nous avons appris qu'il n'avait attendu que ceux qui avaient des chevaux pour voyager. Il s'était déjà éloigné d'un quart de mille quand nous avons atteint le quai. Nous leur avons envoyé quelques jurons bien sonnés pour leur sale tour et avons campé pour faire escale jusqu'au lendemain. Il y a de nombreux Indiens tout le long du trajet. Ils travaillent plutôt bien, transportant les paquets sur les portages et chargeant les chariots et les bateaux, etc. et les squaws apportent des herbes à nous vendre. Ils ont certaines coutumes différentes de celles des Indiens que j'ai rencontrés auparavant. Ils enterrent en l'air leurs morts ! C'est-à-dire qu'ils construisent un berceau de protection et le posent sur des poteaux de 15 à 30 pieds de hauteur. Quelquefois, ils l'appuient contre un gros tronc d'arbre et ils y mettent les corps. Par dessus et autour, ils attachent des drapeaux, des couvertures et des bouilloires, - quelquefois un fusil - tout ce que leurs morts possédaient quand ils étaient vivants, je suppose. J'ai vu un certain nombre de ces sépultures durant ces derniers jours, presque toujours à quelque endroit surplombant l'eau. L'eau à travers tout ce pays est glaciale comme elle provient de la fonte des neiges de chaque colline. Je suis allé me laver aujourd'hui. Un seul plongeon a suffi.

4 juillet - Loin sur la route de la Brigade vers le Cariboo.
Pas de congés pour nous, nous devons continuer à avancer, même si nous aimerions nous arrêter et nous reposer à condition que les moustiques cessent de nous embêter. Des millions et des millions de toutes sortes. Nous sommes pratiquement dévorés par eux et pourtant on nous dit que c'est encore pire plus loin. Dieu ait pitié de nous ! Avons descendu le lac Seaton le 27 juin. Le matin suivant vers la ville de Lilloet. Ici nous avons dû traverser le fleuve Fraser, d'une largeur de plus d'un mille, bouillonnant et déferlant à une vitesse de plus de 20 milles à l'heure. Rien de plus gros qu'une baleinière pour traverser. Nous y avons embarqué nos paquets et avons attaché la pauvre mule à la poupe arrière et nous voilà partis, mon cœur chavirant à l'idée de perdre Billy. Mais nous avons atteint l'autre rive, tous sains et saufs, un demi-mille plus bas et avons payé chacun 25 sous plus un dollar pour la mule. Nous voici enfin partis, libérés des contraintes des vapeurs et ne comptant que sur nous mêmes et Billy la mule. Chaque jour, nous avons avancé, par dessus des montagnes, traversant de vertes vallées et longeant des lacs. Nous sommes arrivés enfin dans une région où nous n'apercevons aucune montagne enneigée. Nous ne voyons rien d'autre que des collines basses, des plaines herbeuses et de très nombreuses mares et petits lacs. Les jours sont très longs. Le crépuscule arrive après 9 heures et nous voyageons tôt et tard, en nous reposant 3 ou 4 heures dans le milieu de la journée. J'ai beaucoup souffert de mes pieds mais ils vont mieux maintenant et ma santé serait autrement excellente si ce n'était pour les rhumes que j'ai attrapés et qui se sont transformés en une toux gênante. Mon long séjour dans le bureau d'imprimerie m'a affaibli mais je suis sûr que je vais bientôt m'habituer.

Aller au Cariboo n'est pas une partie de plaisir. Nous nous attendons à prendre encore deux semaines de plus et pourtant le pire de la route n'arrive qu'à la fin. Nous rencontrons encore de pauvres types qui reviennent, un groupe à l'air bien triste. Ils sont tous partis trop tôt et avec trop peu d'argent, si bien que les prix élevés les ont obligés à rentrer avant que le temps ne leur permette de prospecter.

15 juillet - Presqu'aux gisements
Nous nous traînons jour après jour - trempés, affamés et endormis. Je me sens à peine capable d'écrire une description complète de notre voyage comme j'avais prévu de le faire au départ. Aujourd'hui, nous nous sommes traînés, sous la pluie, sur un chemin embourbé. Complètement trempés, nous nous sommes arrêtés pour l'après-midi et nous nous sommes séchés auprès d'un bon feu. D'après tout ce que nous entendons de ceux qui reviennent, l'avenir s'annonce sombre mais nous continuons car nous devons tenter notre chance. Les provisions sont très chères. À Williams Lake, presque cent milles en arrière, nous avons acheté 50 livres de farine, 18 livres de lard fumé, 32 livres de haricots secs - 100 livres en tout - que nous avons payées 90 dollars. Nous nous attendons à ce que les prochains achats soient 1 dollar la livre.

(À partir d'ici à l'encre)

6 août - Nelson Creek - Cariboo
Arrivés à la nouvelle ville de Van Winkle sur Lightning Creek, samedi 18 juillet. Les provisions sont chères et rares. Farine, 1,25 dollar la livre ; thé, 3 dollars ; sel, 5 dollars le sac de 3 livres ; clous, 3 dollars la livre et il est pratiquement impossible d'en trouver. Mes partenaires ont grogné pendant tout le voyage jusqu'ici parce que j'avais pensé qu'il était plus prudent d'en apporter quelques-uns. Maintenant ils voudraient que nous n'ayons apporté que des clous ! Dès notre arrivée, nous avons vendu Billy la mule pour 140 dollars et je me suis aperçu, en partageant nos marchandises, que j'avais suffisamment de provisions pour durer 5 ou 6 semaines. Le jour suivant, dimanche, nous nous sommes reposés et lundi j'ai pris mes couvertures et ma mangeaille pour deux semaines et j'ai entreposé le restant dans une cabane pour 1 dollar la semaine et je suis venu ici à Nelson Creek pour prospecter à la recherche de gisements. Tout d'abord j'ai acheté un permis de mineur, bon pour un an. "a m'a coûté 5 dollars. Mes partenaires se sont découragés après un jour ou deux et sont repartis. Je suppose qu'ils sont loin du Cariboo à l'heure qu'il est. Je me suis mis avec deux marins originaires de Martha's Vineyard qui avaient voyagé tout le chemin jusqu'ici avec nous et sont arrivés à Nelson en même temps. J'ai trouvé quelques hommes qui prospectaient sur la rivière depuis 2 mois, en creusant des trous (qu'on appelle des puits) pour essayer d'atteindre la partie la plus profonde du filon de la roche où l'or se concentre toujours. Ils semblaient avoir la meilleure chance de la rivière et comme ils étaient arrivés au bout de leur argent et de leurs provisions, ils nous ont proposé un partage égal si nous les aidions et si nous leur donnions à manger pour deux semaines. Nous en avons convenu ainsi et nous voici là, à travailler sérieusement, les deux semaines presque finies et rien de certain encore.

Hier, je suis retourné à Van Winkle et j'ai emballé toutes mes affaires - 70 livres. Si quelqu'un pense que c'est une partie de plaisir, qu'il essaie - 8 milles aller et retour, par dessus une montagne, avec de la boue profonde et glissante à presque chaque pied du parcours. Et des gros troncs d'arbres à enjamber et à grimper tous les dix pas, semble-t-il, et quelquefois même deux ou trois attachés ensemble. Après avoir voyagé sur cette route le matin et après être rentré en titubant avec une charge de 70 livres l'après-midi, n'importe quel homme serait satisfait de sa journée de travail.

J'ai peur que le Cariboo ne m'engouffre comme beaucoup d'autres l'ont été. Il y a quelques rares hommes qui sortent de l'or à grande vitesse. Quelques rares concessions rapportent des quantités aussi élevées que 150 livres par semaine - certains disent même plus. Mais la grande majorité ne rapporte rien. De fait, beaucoup de gens ont été obligés de repartir, forcés par le coût élevé de la vie qui avait épuisé leur argent avant qu'ils n'aient pu tenter leur chance à prospecter. J'ai presque envie de retourner en Californie si je ne trouve rien où nous sommes maintenant, mais j'ai horreur d'abandonner quand il y a encore un espoir, si minime qu'il soit. J'ai encore 440 dollars environ qui me restent des 613 que j'avais en partant de Suisun. Je peux m'arranger pour survivre ici pendant le restant de la saison et avoir assez d'argent pour payer mon voyage de retour en Californie et tout recommencer là-bas. Ce n'est pas une perspective joyeuse mais je suppose que je devrai m'en arranger. En attendant, si je reste ici, ce n'est pas faute d'essayer que j'échouerai.

Dimanche 10 août.
J'ai abandonné hier en ce qui concerne cette rivière. L'eau a envahi le fonds de notre puits si rapidement qu'il ne nous était pas possible de creuser plus profondément sans avoir de roues et de pompes. Les chances ne sont pas suffisamment bonnes pour nous convaincre d'engager de telles dépenses. Aujourd'hui, les deux hommes que nous avons nourris partent pour la Californie accompagnés de l'un des marins afin que le partenaire de ce dernier puisse avoir assez d'argent pour pouvoir rester plus longtemps. Quant à moi, je ne sais quoi faire. Mon envie ainsi que ma raison, si je peux me permettre d'employer ce mot en ce qui me concerne, me disent « retourne en Californie ». Dieu seul sait.

C'est une région détestable - il pleut pratiquement tout le temps et tout le pays est couvert de bois denses peuplés de sapins mélancoliques, avec des terres marécageuses et bourbeuses enterrées sous des arbres tombés si bien qu'il est impossible d'avancer. Tous ceux que je vois ont l'air triste et découragé et c'est vraiment sans espoir de faire plus dans le Cariboo. Dans toutes mes épreuves, je n'ai jamais vu de moments plus sombres.

8 sept.
Toujours sur Nelson. Ai accepté de gagner quelques dollars ici, en grattant autour des endroits où les hommes ont travaillé l'année dernière plutôt que de courir de gauche à droite. Ai gagné environ 100 dollars net, après avoir déduit mes frais du mois dernier - c'est bien peu pour le Cariboo. Aujourd'hui nous avons eu de la neige et je suppose que vous devrons bientôt partir. J'ai peu d'espoir maintenant de recouvrer le coût des dépenses engagées pour le voyage, sans parler de la rémunération de mon temps mais je suis reconnaissant de ne pas avoir tout perdu comme cela est arrivé à beaucoup d'autres. Je travaille très dur tous les jours, dimanche et autres jours et je serai bien content quand je serai obligé d'abandonner. Je ne suis pas sur qu'il soit possible de gagner ici quoi que ce soit pour plus de quelques jours et je crois que je vais aller à Williams Creek, où il y a de riches gisements et où de nouvelles découvertes ont été faites. Certains des gisements là-bas donnent vingt-cinq livres d'or par jour pour chaque homme y travaillant ! Plus d'argent en une journée que je ne veux pour être heureux le restant de ma vie. Eh bien, je dois reprendre le labeur quotidien jusqu'à ce que ma chance vienne et amasser mes petits dollars un par un, trop content si la vieillesse ne m'attrape avant que je n'aie trouvé un petit endroit pour me reposer ici bas, dans ce vaste monde.

28 sept.
Encore sur Nelson. Ai gratté un peu partout sans arrêt. Ai maintenant récupéré le prix du voyage et gagné en plus suffisamment pour retourner en Californie. Il fait mauvais maintenant : neige et gel presque tout le temps. La plupart des hommes ont quitté la rivière maintenant. Il n'en reste que quatre maintenant, chacun travaillant et vivant seul, séparé les uns des autres par un quart de mille. Aujourd'hui, mon compagnon de cabane est parti. Nous avions commencé à travailler ensemble mais il a rapidement acheté un bout de terrain qui rapportait bien - environ 50 dollars par jour - jusqu'à ce qu'il ait gagné 500 dollars. Mais le gisement s'est tari complètement avant qu'il ne récupère la moitié de son argent et maintenant il va tenter sa chance à Williams Creek. J'irais bien moi-même mais il ne me semble pas justifié d'abandonner 10 dollars par jour. C'est ce que je fais maintenant avec un travail raisonnable tant que j'ose rester ici. Cela ne peut pas être beaucoup de semaines. Cela semble maintenant très douteux. Si une neige abondante tombe, il sera difficile pour moi de sortir. Mais ma peur principale est d'être dévalisé sur le chemin vers le bas. Beaucoup ont été volés et quelques uns assassinés sur les chemins du retour. Cette région est sauvage sur toute son étendue et il est très facile à des voleurs de s'échapper. Il ne fait aucun doute que plusieurs attendent les grosses bourses qui se sont remplies ici et qui accompagneront bientôt leur propriétaire sur le chemin du retour avant l'hiver.

5 oct. Nelson Creek.
Il a fait très mauvais récemment. Le soleil disparaît rapidement vers le sud et nous n'en voyons qu'un petit peu même quand il fait beau. Il gèle et il ne se passe à peine une heure sans que des bourrasques de neige nous engouffrent. Une peur nerveuse m'a tenaillé au cas où je me retrouverai bloqué par la neige mais j'ai finalement décidé de risquer le coup et de surmonter mes peurs. J'ai convaincu l'homme travaillant seul au-dessus d'où je suis de se joindre à moi afin de prospecter la colline très en haut de la rivière. Je crois que cela paiera et que dans ce cas nous aurons une bonne concession pour l'année prochaine. Je suis donc allé à Lightning aujourd'hui pour trouver encore un peu de nourriture et j'en ai trouvé assez pour tenir deux semaines. Il a commencé à neiger ce matin et cela continue sans arrêt et abondamment. Cela me fait plutôt peur mais je suis engagé maintenant et je dois courir le risque que je le veuille ou non. Nous devons creuser un fossé et apporter de l'eau jusqu'au terrain que nous voulons prospecter. Cela nous prendra trois ou quatre jours pour l'essayer. Si, alors, il semble dangereux de rester plus longtemps, nous partirons, sinon nous resterons jusqu'à ce que notre mangeaille soit presque épuisée.

Ai trouvé la ville presque déserte aujourd'hui. Presque tous les hommes sont partis en bas pour l'hiver. Je m'attends à ce qu'il soit difficile de sortir mais cela ne me fait pas peur. C'est la possibilité d'être bloqué et gelé ou de mourir de faim qui m'effraie. Maintenant je préférerais, au lieu d'être allé chercher de la nourriture, avoir fait mes bagages et passé sans danger la montagne que nous devons traverser pour atteindre Nelson. S'il continue à neiger comme cela, demain il y aura trois pieds de neige ici et quand nous partirons nous devrons porter beaucoup de couvertures et de nourriture. Dur pour y entrer, dur pour en repartir, c'est le Cariboo.

13 oct
Cela a été une mauvaise nuit pour nous la nuit dernière, la plus mauvaise jusqu'ici. La neige est tombée dru et sans arrêt toute la nuit. Ne pouvais dormir tellement j'étais inquiet et vers minuit les arbres surchargés ont commencé à s'effondrer tout autour de nous. Je suis sorti et j'ai réveillé mon nouveau partenaire Martin qui dormait dans la cabane voisine. Je suis resté dehors à regarder. Avant qu'il ne puisse trouver ses bottes, un grand arbre qui nous menaçait a cédé par les racines. J'ai hurlé pour prévenir Martin qui est sorti, sauve qui peut, les pieds nus. Il a couru directement sous la trajectoire de l'arbre, a trébuché, est tombé et l'arbre s'est écrasé dans la neige juste à ses pieds. Cela fut une échappée de justesse qui a semblé m'effrayer plus que lui. Après cela, nous avons attendu le jour dans ma cabane, nous précipitant dehors dès que nous entendions un craquement ou un bruit menaçant. Je crois que nous avons entendu, cette nuit là, la chute de cinquante-huit ou cinquante-neuf arbres qui auraient pu nous écraser mais heureusement ils ont penché de l'autre côté. La tempête a cessé toute la journée et nous avons continué notre travail.

Le découragement s'est emparé de nous le mardi 7 et nous étions sur le point de nous préparer à partir quand nous avons été surpris par le retour inattendu de mon ancien compagnon de cabane à Williams Creek. Il nous a encouragés à tenir le coup un peu plus longtemps donc nous sommes restés jusqu'à hier dimanche et sommes ensuite sortis pour chercher de la nourriture, dans l'intention de rester dix jours, plus si possible. La plupart de la semaine dernière, nous avons eu de la neige et du temps froid et vendredi, il a commencé à pleuvoir et samedi, il y a eu une crue nivale. Dimanche était une belle journée mais nous avons eu du mal à nous frayer un chemin à travers la neige jusqu'à Lightning. La pluie semblait l'avoir rendue plus dure et encore pire. Aujourd'hui, lundi, il a commencé à pleuvoir de nouveau si bien qu'après nous être bien mouillés, nous avons abandonné le travail vers le milieu de l'après-midi. Ce temps est une surprise pour tous. Presque tout le monde est parti, pensant que maintenant, tout serait gelé. Jusqu'à présent, j'ai perdu en restant. Ai dépensé environ 50 dollars pour la bouffe depuis l'avant-dernier dimanche et n'ai encore rien gagné en retour. Nous essayons un endroit maintenant où nous espérions gagner 20 dollars par jour mais cela n'a pas l'air bien prometteur depuis que nous avons commencé. Ai pensé, hier soir, quand nous sommes rentrés au camp faibles et épuisés, que je ne pourrais jamais m'en sortir si une autre forte tempête de neige survenait. Mais après le souper, je me suis senti ragaillardi et maintenant, je prends des risques sans m'inquiéter outre mesure. Juste en passant, la nuit de la grande tempête était la veille de mon anniversaire, un que je ne pourrai certainement pas oublier.

Vendredi 17 oct.
Le temps doux a continué jusqu'à ce que la neige ait presque disparu. Les rendements des concessions sont toujours minables. N'ai pas encore réussi à récupérer l'argent de la nourriture.... Je suis en mauvaise posture en ce moment. J'ai un furoncle juste au mauvais moment et sur mon pied en plus ! Il semble que le diable se mêle de la partie. N'ai pas pu sortir aujourd'hui pour travailler. J'ai essayé. Cela m'a pris presqu'une heure pour mettre mes bottes et boitiller 50 mètres. Après cela, j'ai juste été capable de rentrer en rampant. Juste au milieu des tendons à la cambrure du cou-de-pied. Qui a jamais entendu parler d'une chose pareille ? Il est très tard dans la saison pour le Cariboo et si une grosse tempête s'abat dans les jours qui viennent, comment, estropié comme je le suis, pourrai-je sortir ? Une inquiétude très sérieuse pour moi maintenant.

Dimanche 26 oct.
Ai eu beaucoup d'ennuis depuis la dernière date. Mon furoncle n'évolue pas bien. J'y ai mis un cataplasme pendant 8 jours et il n'en sort rien d'autre que du sang et maintenant j'y applique du baume. La peau est partie d'un endroit aussi gros que la moitié d'une pièce d'un dollar, laissant la chair nue toujours enflée, dure et meurtrie. J'ai enfilé mes bottes en caoutchouc hier pour voir mais j'étais bien content de les enlever vite en me tortillant. J'ai autant souffert mentalement que physiquement à cause de la peur d'être bloqué par la neige. La neige est en retard bien au-delà de tout espoir. Nous avons eu des chutes légères et jeudi et vendredi derniers, il a fait très froid et le courant de la rivière a gelé. Hier était pluvieux. Cela s'est éclairci dans la nuit avec une neige légère. Aujourd'hui, comme d'habitude, des nuages froids et gris menaçants de neige. Le soleil apparaît si bas qu'on ne peut le voir qu'environ deux heures vers midi même quand il fait beau. Ne me rappelle pas avoir vu le soleil trois fois pendant les trois dernières semaines. Oh, que je serai sorti de ce funeste et maudit pays ! Si je n'étais pas estropié, je n'aurais pas peur car au cas où la neige se mettrait à tomber sans arrêt, je pourrais faire mes paquets et partir, certain de me frayer un sentier vers la sortie mais maintenant je ne peux surmonter la peur qui commence à s'emparer de moi.

(Note au crayon d'une autre écriture : « De toute évidence, s'est perdu en essayant d'atteindre Williams Creek. » R.C.S. Randall.)

 

 
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